2.27.2012

Celui qui porte un bonnet

Hormis le rude hiver qui admet bien quelque fantaisie niveau look pour un homme, et qu’ainsi l’on puisse croiser des hordes de pomponnés non pas à Val D’Isère, mais sur les grands boulevards parisiens, y’a rien de plus dégueulasse que d’aller en soirée, ou au cinéma, ou dans un bar, et de voir un mec qui a un bonnet à toute occasion, comme ceux qui apportent des capotes avant d’aller passer des vacances en famille. On sait jamais, y’en a qui espèrent toujours baiser, celui qui porte un bonnet espère toujours qu’il neige, faut croire.

Bonnets tricotés par une charmante grand-mère en vente chez Colette, pompons boursouflés sans gêne, de laine ou de coton, et de toutes les couleurs, plutôt que de tomber le caleçon, Celui qui porte un bonnet s'est mis à porter la calotte hivernale en tous temps et à toute saison, et, pire du pire, à l’intérieur. Qu’on le dise haut et fort : porter un couvre-chef en intérieur est parfaitement impoli et goujat, alors que faire de cet énergumène qui nous inspire des réflexes de proviseur s’attachant à ôter les casquettes des têtes ?
Déjà, il faudrait savoir ce qu’il cache, ce bonnet d’hipster hystérique qui a pris au mot le blog mode d’un américain gay qui fait pouffer tout Brooklyn… Des cheveux sales et gras ? Une envie folle de se la jouer rebelle ? Une coupe hipster-hitler indésirable à cacher lors d'une fête chez les Cohen ? Des cheveux hirsutes qui poussent ? Voilà que pour ne pas se sentir original avec trois boucles en duel sur un front, Celui qui porte un bonnet choisit le ridicule tue-l’amour d’avoir la tête en forme de bite, capotée pour la mode, vissé là pour désespérer l'ensemble de la gente féminine, ou presque. A croire qu’au lieu de réfléchir, le mec qui a un bonnet préfère se faire chauffer les neurones à la main.

Alors, il s’enlève quand, le bonnet ? C’est l’un des problèmes fondamentaux de cette pratique de rustre qui consiste à ne plus démarquer l’intérieur de l’extérieur, la neige de la cendre d’un clope... Pour baiser, il s’enlève, le bonnet ?

La plupart du temps, dans le meilleur des cas. Et c’est là l’affront ultime : comme les plus ardentes extrémistes religieuses, il faut au moins être ultra intime pour prétendre voir les cheveux de Celui qui porte un bonnet. Ce qui reviendrait donc à dire que ce foutu bonnet de hispter qui décrédibilise un génie et le transforme en petit con, c’est la burka du branchouille. Avec la chemise à carreaux. Et la montre Casio. Et pour voir au travers, faut tout donner : c’est bien connu, pas de bras, pas de chocolat, là c’est pas de pieu, pas de cheveux.


Ou plutôt le contraire…