5.10.2010

Le Bob Dylan

On n'est pas là pour parler de Bob Dylan littéralement, mais plutôt le genre de Bob Dylan qui permet de dire qu'un mec est un Bob Dylan. Le Bob Dylan est un phénomène rare, séduisant, et décevant. On vous prévient d'avance.

Le Bob Dylan est atteint, donc, du syndrome Bob Dylan : il nous aime mais est profondément incapable d'être gentil. Ou doux. Le Bob Dylan même subjugué par notre beauté, nos qualités, bref, notre personne toute entière, ne peut cependant pas s'empêcher de nous appeler "petite conne", de nous raccrocher au nez, nous poser des faux plans et répondre par la négative à chaque question positive et légèrement encourageante.


Le Bob Dylan est un rageux, et il nous enrage. Nos Tu m'aimes ? contre ses Non, contents d'une ironie trop facile, nos envies qu'il nomme des caprices, nos engagements qu'il ressent comme des efforts nous découragent, certes, mais bizarrement on ne lui balance pas encore notre verre de vin dans la gueule au resto.

Pourquoi sommes-nous si gentilles et bienveillantes envers le Bob Dylan, sale gosse cynique qui sait mieux que personne nous décevoir ? Qui s'éprend du pire parisianisme pour être un connard avenant et bien fier de sa personne ?


You say you're looking for someone
Who'll pick you up each time you fall,
To gather flowers constantly
An' to come each time you call,
A lover for your life an' nothing more,
But it ain't me, babe,
No, no, no, it ain't me, babe,
It ain't me you're lookin' for, babe.


Parce que le Bob Dylan, tout comme son surnom l'indique, est talentueux. Il fait forcément quelque chose de bien, et ce il le fait mieux que personne.
Démesurément sexy. 
Furieusement indépendant. 
Sa nonchalance d'être un homme pleins de défauts, sa capacité à être fat rien que pour la beauté du geste a quelque chose de fascinant. Il nous a pas menti. Le Bob Dylan ne ment pas : on sait dès le départ que ça finira en eau sale. Mais on n'arrive pas à y croire, un peu comme le prince charmant, sauf que c'est pas le prince charmant mais le cavalier qui saute la princesse et se casse avec tout l'or du royaume. On croyait qu'un mec comme ça, on n'en faisait plus depuis que la pilule a rendu les couples libres et égaux en droits. Non pas. Le Bob Dylan est atemporel et éternel : constamment peur d'aimer, d'engrosser, de casquer. A l'ancienne.



I'm walkin' down that long, lonesome road, babe
Where I'm bound, I can't tell
But goodbye's too good a word, gal
So I'll just say fare thee well
I ain't sayin' you treated me unkind
You could have done better but I don't mind
You just kinda wasted my precious time
But don't think twice, it's all right

Impitoyable. Beau. Cruel.
Et quand on baise comme une femme, et qu'on pleure comme une petite fille, on se dit que finalement, on aurait mieux fait de le laisser passer ses nerfs talentueux sur une autre pauvre meuf.

So don't lay, ladies. Et laissez-le à lui-même, avec sa hargne et ses bons mots, seul.

Like a rolling stone, a complete unknown.

*