12.28.2009

Le Mec Ghetto


Le Mec Ghetto doit son appellation du fait qu'il soit vraiment ghetto. Il ne s'agit pas seulement de porter de vieilles Reebok, se la jouer hype avec sa grosse doudoune Aigle ou Marlboro, ou d'écouter avec nostalgie sa première cassette d' MC Solaar. Nein. Et ce n'est pas que lié au fait de s'appeler Patrick, Pascal, Jacquy ou Hughes.

Le Mec Ghetto c'est du grand cru. C'est de la 8-6 tiède au réveil, après s'être rongé les doigts de pieds lui-même. Flexible, et tout en finesse. Entre une teuf gros son à Yvette-sur-garonne ou Bellette-au-Var, il se montre open-minded, te file un mouchoir si tu coules du nez, et snif une aspirine coupée à l'Ajax en route. Pour que ça cartonne !

Les goûts du Mec Ghetto sont variés : il aime se déplacer en BMX, ou en Opel tunée ma gueule, mais il préfère largement le fourgon parce que c'est comme ça qu'il peut essayer de pécho une go, ou qu'il peut la séquestrer à l'arrière en cas de refus. Et ils sont fréquents, les refus. N'empêche, ça fait faire des rencontres. Surtout après la 8-6 et l'Ajax.

Dans ses mauvais jours de solitude, le Mec Ghetto n'oublie certes pas d'appeler 47 fois ses amis, oncle Gilbert, cousin Bob, ou Jeannot le fréro ; et même que quand c'est jour de fête, il envoie des vidéos zoophiles porno en haute déf spécial édition pour tam-tam. La teuf, la teuf, la teuf les gars !

Le Mec Ghetto est profondément généreux. Pour la fête des Mères, bon fiston, il offre une bite en sucre à Moman ; et pour la fête des Pères, un gode-ceinture à Papa, de couleur chair, vous croyez quoi. Pour le remercier de sa gentillesse, les bombes de mousse de la dernière fête, la compil' remixée de la danse des canards, ou tout simplement pour être son amie, ou sa gonzesse, vous saurez désormais où le trouver :  soit il campe sous le périph' vers La Chapelle, soit il se terre au fond de son garage, où il s'entraîne comme une bête au lever de poids avec des pots de Malossol de ouf et une tenue ultra-moulante fluo. Qui rentre dans les fesses, derrière.


Parce que le Mec Ghetto est unique, on l'aime.
Parce qu'il est nauséabond dès qu'il nous tend le doigt, et qu'il ne cesse de nous harceler avec ses "Dis camion ! " quand il fait une après-midi barbe-au-cul, ou parce qu'on a eu la malchance de se retrouver à l'arrière du fourgon le jour de la fête des Pères...
On l'évite.



*Merci à Patrick Le Ghetto pour s'être prêté au doux jeu de la muse... 

12.08.2009

Le Chanteur de rock indé

Le Chanteur de rock indé est un homme comme les autres. Qu'on se le dise. Poils, cheveux, jambes, nez, tout y est, seulement il a une voix, et c'est ce qui fait toute sa différence.
Son origine est floue, on sait seulement qu'il ne naît pas dans le milieu qui deviendra le sien : quand on est le fils de Sting, on fait de la pop, quand on est Chanteur de rock indé, c'est qu'on est fils de banquier, ou qu'on vient de banlieue. Parce qu'au fond, le rock indé, c'est un ghetto comme un autre. Le Chanteur de rock indé aurait pû faire du rap, mais ça, on ose à peine se le murmurer dans les backstages d'une salle lilloise, bondée et en furie comme une bonne salle de province.

Le Chanteur de rock indé est un garçon sensible. Il compose mélancoliquement, quand il n'est pas en tournée. C'est d'ailleurs son "équilibre". Aussi, il souffre des clichés, et il clame en itw sa différence : non, il ne baise pas toutes ses fans. Oups, non, il-ne-baise-pas-ses-fans. Tout court. (Et pas en backstage, surtout. Car le Rockeur indé version 09 est plus snob que ses prédécesseurs, il n'aime pas les choses faciles et vulgaires.) Il sait résister. Parce que c'est un mec ancré dans la vie réelle, qu'il a une vie après la tournée, et qu'il aime les femmes qui le regardent pour autre chose que son aura de Chanteur de rock indé. Aura totalement envoutante, certes, mais lui, plus pragmatique, il aime qu'on le kiffe aussi pour son risotto, ou pour sa bite. Tout simplement.

Le Chanteur de rock indé se nourrit principalement de poulet, chaud comme froid, de bière, de whisky, et de couscous, dans les bons jours où la prod a gagné quelques ronds avec ses concerts ultra indés justement. Mais il ne faut pas se méprendre, il a son public ; d'ailleurs, il apprécie celui-ci lorsqu'il applaudit, sourit, danse, "pogotte".
Autant dire qu'il déteste jouer dans les salles parisiennes, surtout quand les gens ont plus de 18 ans. Pas pratique pour le pogo.
Enfin, le Chanteur de rock indé est aussi philosophe. On l'entend à ses paroles de chansons, et à ses sublimes déclarations : "La femme idéale du chanteur de rock indé, c'est son ex." Bien dit.

Une fois les tournées et les concerts finis, il rentre chez lui. Satisfait.
Pensif, il rote.
Amen, man.


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