11.21.2010

L'Amnésique

Il y a deux sortes d'amnésiques : l'Amnésique mignon, et l'Amnésique aigu. On pardonne au premier, on déteste le second.

Heyyyyy !...
...
...
...

Phase typique de l'Amnésique mignon : il se souvient pas de vous. Il y a plusieurs raisons à cela : en primaire vous n'étiez pas bonne, il vous a brisé le coeur de tant mater votre copine, vous étiez bourrés et ça a pas duré longtemps de toute façon. Enfin, l'un des deux s'est vite échappé de la vie de l'autre. Peu importe lequel, ce qui est drôle c'est que l'Amnésique mignon se sentira toujours un peu coupable, dans le doute, en mode poisson rouge.

Je sais plus qui c'est, mais si ça se trouve je me suis mal comporté avec elle.
Jubilatoire.

Dans ces cas-là, autant tourner la situation à votre avantage. Oui, on ment. L'Amnésique n'en saura rien, c'est ça qui est bien. Sabrina devient Julie, Carole la pauvre Laure, un numéro échangé devient une partie de baise foirée. Et toc. Attention cependant à ne pas vous faire rouler par l'Amnésique mignon : ses petits oublis tournent parfois à votre désavantage. Genre il a passé la soirée à vous saoûler pour votre numéro de tel, et maintenant il se demande bien qui vous êtes. Petit bâtard, c'est trop facile. Carrément humiliant. On préconise la franchise : "à l'époque, t'en pouvais plus sur mon cul, tu m'a harcelé tout la sainte soirée."

...Glou glou...

Il sera bouche-bée en mode Nemo. Bingo.

Enfin, il y a l'Amnésique aigu en mode blocage freudien dégueulasse. L'Amnésique aigu esta rrogant, fuyard, et imbu de sa petite personne qu'on aurait préféré ne pas connaître. C'est par exemple celui avec qui vous êtes restée longtemps, qui vous a trompé, et qui ne fait pas l'effort de s'en souvenir durant une phase flirt à deux balles :  

-Mais au fait ma belle, pourquoi on s'est quitté ?

-Parce que j'ai découvert ton autre profil Facebook, connard.

Regard en biais, mémoire sélective coupable, sens moral atrophié, sentiment tièdes, il détient le combo du mauvais second rôle de notre vie.
S'il y a maintes variantes, un noyau dur persiste quoiqu'il arrive : l'Amnésique aigu vous en a vraiment fait baver et ne s'en souvient absolument pas. Délicatesse en paresse.

Un jour, saoûl, il vous a dit que même pas en rêve il finirait sa vie avec une meuf comme vous.
Ah bon ?
Que cette histoire, c'est vous et uniquement vous qui avez voulu la vivre.
Mais nan..!
Qu'une autre fois, il vous a traité de sale pute dix fois de suite, énervé, pour rien.
Arrêêêête.
Ça l'arrange bien. C'est le principe du bourreau, et de la victime : la plupart du temps, les mauvais oublient. C'est qu'il faut bien vivre avec soi-même. L'Amnésique aigu l'a bien compris et s'enroule dans sa bêtise et ses oublis comme un rouleau de printemps pourri.

Heureusement pour eux, on est là. Pire qu'un souvenir, un témoignage vivant. Bien vivant.



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