5.09.2009

Le Classique

C'est comme pour l'hamburger. Et si tout n'était que de pénibles alternatives, vers lesquelles on se tourne, vainement? On sait pertinemment que le vrai, le mieux, le bon, c'est le Classique. Exit le bacon, et les faux-semblants, nous n'y échappons pas. Le mec classique est là partout, tout le temps et l'on fait semblant de l'ignorer. Alors que c'est la référence, dans le fond. Regardez les magazines: ils ne font que nous aider à nous en remettre, et le combattre, et le comprendre. Le mec classique, c'est celui qui dit "merci", le matin, après l'amour. Par exemple. Mais c'est aussi celui qui résiste à vous présenter à ses parents; c'est celui, encore, qui aime trop le foot et préfère passer des soirées avec ses copains, plutôt qu'avec vous. Celui qui tarde à vous emmenez en week-end, et regarde au restaurant par dessus votre épaule, pour mieux mater la petite serveuse. Ainsi, ce que l'on nous projette semble n'être que de piètres résolutions, ou d'implicites mots d'ordre, que l'on se file en secret pour savoir comment le gérer, ce mec-là. Si le ELLE titre tristement, à l'instar de toutes les autres revues, tous les ans, le spécial maigrir du printemps, c'est parce que le Classique ne manquera pas de vous pincer (il est taquin, de surcroît) les poignées d'amour, puis de vous faire les gros yeux qui culpabilisent face à votre fondant au chocolat.

C'est grâce à lui en revanche que l'on sait qu'il faut attendre les fameux trois jours avant d'espérer un coup de fil de sa part, ou que l'on pense que c'est gagné au bout de deux nuits de suite. C'est pour lui donc, tous ces stratagèmes inavouables, les feintes téléphoniques, et nos hauts talons.
Le monde tourne autour de lui, finalement. Cependant il faut admettre que ce serait un grand pas pour l'humanité s'il se faisait oublier un peu, se grattait les couilles moins en évidence le matin, et n'était pas aussi lourd bourré.
Mais, dès lors, de quoi parleraient nos magazines?
Merci, lui.