4.11.2009

Le Trop Cool



Quand on a un coup dans le nez, et qu'on s'amuse, tout peut arriver. La nuit, l'on parle à des gens que l'on ne regarderait même pas dans le métro; comme quoi, les clubs c'est les repas de famille des cyniques, ou les nouvelles colonies de vacances de la Mairie de Paris. Nous nous mélangeons, en sueur et au taquet, à des genres, des autres que ceux qui d'habitude nous entourent... C'est pourquoi l'on finit par avoir des potes étranges, et l'on claque en détours des bises absurdes, à des tas de gens, qui parfois même habitent en banlieue, ou portent la journée des Campers. On baisse un peu les yeux, on dit bonjour quand même.
Il y a donc ces mecs des zinc que l'on croise à peine, le temps de se frayer un chemin à coups, gentils, de sourires et de coudes. Il y a ce mec que je croisais tout le temps, qui se languit souvent sur un banquette velours du NY Club, l'air auto-suffisant et serein. Besoin de rien, envie de quoi. Il a donc l'air très cool. Il discute facile. Il a le look, le coco. Il n'est pas très beau, mais il s'arrange bien, avec des petites baskets made in Japan et des accessoires plastiques.
Le vrai problème, c'est les lunettes. On lui pique trop souvent et ça l'emmerde. C'est bien dommage. Il en a peut-être même vraiment perdu à des soirées, parce qu'il n'avait pas fait attention à ses affaires. Il y a des gens comme moi qui aiment avoir des souvenirs des fêtes. Le clan des filous. On est des salauds. Alors à cause de nous, ou pas, depuis il l'a mauvaise, avec ses lunettes, qui lui donnent pourtant l'air si cool. Très mauvaise. Et même quand il est saoul, et qu'on l'est tous, et qu'il veut bien rigoler un peu, le sujet des lunettes reste tabou, don't touch, non, ça le fait pas du tout rire. Il méprise sévèrement le comique de répétition.
On a donc pas le droit de se moquer. Alors que pourtant, c'est un scandale, ses lunettes: c'est des fausses. Son air d'intellectuel post-lacanien, sa monture plastique qui lui bouffe le visage, pour mieux lui en prêter prestance, c'est du délire. Curieuse, j'en cherche le verre: inexistant.

J'éclate de rire, et j'en rajoute, je veux passer mon doigt à travers les lunettes. Allez. Allez quoi. Le voilà blasé, dégoûté. Je suis très chiante. Apparemment, c'est du déjà-vu trop lassant, de se foutre de sa gueule.