
C’est mesquin un Collègue, quand on y pense : on le voit plus que notre propre mec, il nous connait au naturel, stressée, dans le rush, au bout du scotch, humiliée par une mauvaise réunion client ou bêtement épanouie au sein d’un bel esprit d‘équipe. Il est là, tapi sous sa cravate, entre deux portes, avec son gel dans les cheveux et ses costards cheap, prêt à lancer un "bonjour" tout sourire façon Hollywood chewing-gum pour bien commencer la journée et à t’aider à utiliser le scanner de la photocopieuse si tu galères. Même qu’il sait toujours où y’a des trombones, et qu’en guise de reconnaissance, on s’essaie à nos plus suaves "salut, ça va ?", trois fois par jour, quand on le croise en dehors de l’ascenseur.
Mais ne tournons pas autour du pot : sincèrement, peut-on pécho son Collègue ? Sachez que pendant qu’on se pose la question, y’en a une qui se le fait, comme ce tiers de Françaises et Français qui trouvent l’amour sur leur lieu de travail ; mais elle, en levrette contre la porte des toilettes handicapé planquées du bout du couloir, elle oublie qu’elle risque surtout de faire partie du triste club des chaudasses de bureau qu'on critique dès qu’on a bu une bière chaude de trop, justement, et qu’il n’y avait plus de Curly pour nous éponger le foie ou changer de sujet.
C'est le risque,
mais c’est ça aussi qui est bon avec le Collègue : baisera, baisera pas ?
En parlera, en parlera pas ? On a l’impression d’être au collège. À
chaque micro évènement, même un déjeuner triste au salad bar dégueu
du coin, on est excitée comme une gamine de 14 ans, et on mouillerait
presque notre culotte s’il va nous chercher des couverts à la cantine.
Ah, la poésie des amours en entreprise : on va chercher des sandwichs à
la pause déj’ ensemble et on s’imagine déjà dans une comédie romantique ;
et on craint les bruits de couloirs des collègues qui risquent de jaser
pour une expédition poulet-crudités ensemble… Soupirs.
Remarques : le fantasme du Collègue a clairement ses limites. Un soir, alors que y’a une collègues-party chez lui et que t’attends de donner suite à la mini pelle qu’il a osé enfin te faire au pot de départ de Régine, le Collègue sera percé à jour : canapé Conforama, meubles Ikéa, trois bouquins perdus dans un coin et rideaux faits par maman, chez lui ça sent la pomme de terre et la tristesse. Le fameux Collègue apparaît d’un coup aussi peu bandant que sa cravate bleu irisée. Alors quoi, on en reste à ce bonjour-bonsoir murmuré entre deux portes automatique ? Aux œillades dérobées dans le hall ? On se méfie de nos hormones, biaisées par le huis clos professionnel et l’esprit corporate ?
Allez, tu verras demain. Quand, en train de te tendre le dernier rapport du dossier Leclerc, ton Collègue de bureau te demandera, en toute sincérité, s’il est bien sapé : il a rendez-vous ce soir. Eh oui : vous n'êtes pas potes, vous êtes collègues. Dans l’open-space ouaté, sa parade en costard avait brouillées les pistes. Et pourtant, tu sens bien qu’elle aura droit à de la bière fraîche, elle, ou du champagne. L’espace de quelques secondes, t’es dégoûtée. Puis tu revois son look Celio, sa coupe au gel et tu te rappelles de son appart...
- Mec, c’est quoi cette cravate ?
Bisou.
Remarques : le fantasme du Collègue a clairement ses limites. Un soir, alors que y’a une collègues-party chez lui et que t’attends de donner suite à la mini pelle qu’il a osé enfin te faire au pot de départ de Régine, le Collègue sera percé à jour : canapé Conforama, meubles Ikéa, trois bouquins perdus dans un coin et rideaux faits par maman, chez lui ça sent la pomme de terre et la tristesse. Le fameux Collègue apparaît d’un coup aussi peu bandant que sa cravate bleu irisée. Alors quoi, on en reste à ce bonjour-bonsoir murmuré entre deux portes automatique ? Aux œillades dérobées dans le hall ? On se méfie de nos hormones, biaisées par le huis clos professionnel et l’esprit corporate ?
Allez, tu verras demain. Quand, en train de te tendre le dernier rapport du dossier Leclerc, ton Collègue de bureau te demandera, en toute sincérité, s’il est bien sapé : il a rendez-vous ce soir. Eh oui : vous n'êtes pas potes, vous êtes collègues. Dans l’open-space ouaté, sa parade en costard avait brouillées les pistes. Et pourtant, tu sens bien qu’elle aura droit à de la bière fraîche, elle, ou du champagne. L’espace de quelques secondes, t’es dégoûtée. Puis tu revois son look Celio, sa coupe au gel et tu te rappelles de son appart...
- Mec, c’est quoi cette cravate ?
Bisou.